Cher Journal,

Comme une langue vivante devient-elle morte ? J’ai toujours été fasciné par les civilisations anciennes, ces sociétés qui avaient développé un mode de vie et de pensées parfois à l’opposé du nôtre. Comment tout cela a pu disparaitre alors qu’il existe encore tant de diversité sur cette planète ?

L’Homme est un explorateur, c’est inscrit en lui depuis cette fameuse Nuit des Temps, qui me semble si familière parfois. Le voyage est pour moi un chemin vers l’ouverture d’esprit, vers l’acceptation de la différence et la mise en mouvement de nos schémas incrustés. Cela nous replace dans ce que nous sommes, une expression de la vie, parmi tant d’autres. Je crois que ça me manque.

Dans un monde où le rythme général s’accélère, c’est une parenthèse qui m’invite à ralentir pour ressentir la joie et découvrir la richesse de la simplicité. L’essentiel de la vie est dans l’instant présent. Dans des émotions ou des espaces cocréés : l’amour, l’amitié, la bienveillance, la convivialité, le savoir partagé, le plaisir.

Et pourtant l’ère actuelle fait parfois de mon voyage sur Terre un met fade et toxique, loin de la véritable saveur de la découverte et de l’émerveillement. Je vois tellement de beauté décimée par les désirs égoïstes de certains… Je perçois tellement de candeur étouffée par les peurs… On masque nos propres ombres, nos souffrances profondes. On lutte en vain.

J’observe impuissant cette machine infernale, mais en fait la véritable bataille se situe ailleurs. Elle est en moi. Tu sais c’est dur de s’en rendre compte, mais c’est libérateur. Il faut être brave pour accepter l’intégralité de sa personnalité, et il faut être sage pour ne pas s’y identifier.

Comment peut-on vouloir prendre soin de la Vie qui nous entoure si on ne prend pas soin de celle qui est en nous ? C’est peut-être par là qu’il faut commencer, s’honorer et s’aimer pleinement pour enfin respecter le vivant. Et puis finalement c’est ça le plus beau des voyages, celui que l’on fait au cœur de soi. Aujourd’hui je peux le dire sincèrement, je suis heureux d’être mon compagnon dans l’exploration de cette vie.