Chapitre 9
la fille de l'amour
Cher Journal,
La période des fêtes est maintenant terminée, et quel plaisir j’ai connu cette année ! Être en ma famille, profiter de ces instants simples, a été d’une douceur exquise. Peut-être que la distance rend les retrouvailles plus précieuses. Une parenthèse inestimable se referme. J’ai l’impression que le tourbillon sociétal reprend de plus belle et que la course à la performance a, elle aussi, terminé ses vacances.
Mais chaque décision prise, si elle l’est en vue d’un mieux-être, est bonne à prendre. Et je trouve cela super de vouloir reprendre les rênes de sa vie, d’ajuster la direction que l’on emprunte.
Un cap non négligeable a été franchi en 2022. Nous sommes désormais plus de 8.000.000.000 à vivre au même moment, l’expérience de la vie sur cette Terre… Vertigineux, non ?
Beaucoup disent que nous sommes trop à vivre sur notre planète. Je dirai plutôt que nous sommes trop à survivre, à mal vivre, peu d’âmes vivent vraiment. Et qu’importe le nombre que nous sommes, ça m’invite à toujours plus d’humilité. Alors je prie pour une véritable tolérance face à cette diversité croissante. Tous les objets composant l’univers ; les galaxies, les amas de poussières, les astres, s’éloignent inexorablement les uns des autres. Comme nous. Le conflit est-il inéluctable ?
L’Homme rêve toujours d’expansion, ce qui est contre-nature. La Nature nous montre le chemin. En cet hiver, celui du retour à la Terre, dans notre for intérieur. Le repli est un acte nous demandant authenticité et lucidité. Retourner aux origines, à nos racines. Oser être Soi.
Au lieu de cultiver son jardin, l’Homme l’exploite. C’est pourtant le lieu idéal pour exercer son talent. Et le talent du jardinier consiste aussi parfois à laisser la terre tranquille.
Je pense alors à toute la sagesse qu’Albert Camus nous a transmis de sa plume : « Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été. » Peut-être qu’à travers cette découverte, nous passerons de la survie à la vie, et que le conflit engendré par la peur, laissera place à la Paix, fille de l’Amour. Il nous appartient de cultiver cette alternative, de déployer nos ailes. L’avenir nous le dira.